DISCOURS DE MONSIEUR LAURENT BROUX

PRÉSIDENT DE LA 184è SECTION DE LA MÉDAILLE MILITAIRE

VICE-PRÉSIDENT DU COMITÉ DU SOUVENIR FRANÇAIS DE MONT-DE-MARSAN

cocarde

lors de la cérémonie d'hommage à LH Calonge Y Villar

devant le monument aux morts de Mont-de-Marsan

 

 

30 Avril 1954.
Un légionnaire tombe au combat sous les balles du Vietminh à DIEN BIEN PHU.

Le caporal Lucien Henri CALONGE Y VILLAR, âgé de 22 ans, meurt pour cette France qu’il avait souhaité servir en s’engageant en juillet 1951 à la Légion Étrangère.

Étranger est cet enfant de Mont de Marsan.
Fruit de la relation d’une mère allemande et d’un père espagnol, il naît le 5 novembre 1931 dans notre belle cité montoise. Il est déclaré sous X...puis reconnu sous le nom de MULLER, faux patronyme donné par sa mère Anne Sophie et qui, quelques semaines plus tard, sera modifié sous son véritable nom SCHLÜSSER Anne Sophie.

Nous en retrouvons la trace sur les actes d’état civil de la mairie de LALUQUE, village où ses parents se marient le 10 janvier 1937 et par lequel son père le légitimiste.

LALUQUE est, à l’époque, un important centre industriel ayant fait venir de nombreux travailleurs étrangers. Mais la période n’est guère propice pour deux parents issus pour l’un de l’Espagne franquiste et l’autre d’une Allemagne dans laquelle le nazisme grandit. Il faudra partir et nous les retrouverons en Algérie alors sous la domination du régime de Vichy.

Quelle sera la vie d’enfant puis d’adolescent de Lucien Henri ??? Nul ne le sait. On note juste son passage à ORAN puis ALGER, une formation professionnelle dans la menuiserie.

Nous le retrouverons à 20 ans, le 8 juillet 1951, muni du consentement paternel, au bureau de recrutement de la Légion Étrangère de Marseille.

Le voilà reparti à ORAN, au Dépôt commun de la Légion étrangère, puis au 2ème REI. Breveté parachutiste le 13 novembre 1951 (BREVET 55.857) il est affecté au 3ème bataillon étranger parachutiste. Il est promu caporal le 1er mai 1952.

Désigné pour l’Indochine, il embarque le 8 août 1952. À son arrivée à Saigon le 2 septembre, il est affecté au 2ème bataillon étranger parachutiste. Les très nombreuses opérations le conduisent du Vietnam au Laos puis retour au Vietnam.
Le 2ème BEP participe activement au combat de DUYEN YET en octobre 1952, à l’opération Lorraine du 9 au 14 novembre 1952, à l’opération défensive en pays Thaï, aux combats de Ban Ta Xa, de Ban Liu, de Ban Mat.

Après de longues et difficiles missions, le 10 avril 1954, voilà donc aujourd’hui même 71 ans, la 6ème compagnie du 2ème BEP – son unité d’appartenance est larguée sur Diên Biên Phu. La grande bataille commence. Les Viêts comptent 36000 fantassins, les forces françaises dix fois moins dont à peu près 600 légionnaires dont 307 militaires des deux BEP présents sur les lieux.

Le 30 avril 1954 Lucien Henri CALONGE Y VILLAR succombe sous le feu ennemi en ce jour du 91ème anniversaire de la bataille de Camerone.

Le 7 mai tout est fini, DIÊN BIÊN PHU est tombée. Des années plus tard, la paix revenue la cuvette est toujours habitée du souvenir de ces héros morts pour la France. De nombreux corps resteront à jamais enfouis dans cette terre d’Indochine. Tel est le cas de celui que nous honorons aujourd’hui.

Nommé Caporal-Chef le 1er mai 1954 il n’aura pas l’honneur de porter ses galons puisque la mort le fauchera la veille de sa promotion.

Lucien Henri CALONGE Y VILLAR est cité pour sa conduite au combat.

Une citation à l’ordre du Régiment le 10 juin 1953, reprise et complétée le 26 novembre de la même année par une citation à l’ordre du Corps d’Armée pour le motif suivant :

« « Chef d’équipe de voltigeurs ardent et courageux au combat, le 11 mai 1953 à DONG DANH (Laos) a entraîné son groupe dans un débordement provoquant ainsi le décrochage de l’adversaire, puis
Le 7 septembre 1953 lors de l’assaut donné au village de CUONG-NHA a culbuté toutes les résistances rebelles et a récupéré un fusil mitrailleur.
Cette nouvelle citation lui accorde le port de la Croix de Guerre des TOE avec étoile de vermeil.

Outre cette croix de guerre, l’intéressé est titulaire de la médaille coloniale agrafe EXTREME-ORIENT et de la médaille commémorative INDOCHINE ;

Le 27 décembre 1954, la médaille militaire lui est conférée à titre posthume.

Le dernier honneur que nous pouvions rendre à ce héros inconnu était de l’inscrire au fronton de notre monument aux morts aux côtés de ceux qui, comme lui, ont fait le sacrifice ultime au service de notre Patrie.

Lucien Henri CALONGE Y VILLAR repose à jamais dans cette terre indochinoise.
Le 30 avril 1954, il a fait Camerone.

fleche
flèche
retour à la page précédente