ALLOCUTION DU GÉNÉRAL ALAIN BUISSON LE 5 septembre 2024 à Rion-des-Landes Devant la tombe du gendarme Gérard HERBÈS Mort pour la France au Tchad le 3 septembre 1974 |
Honorer aujourd’hui, en ce lieu, la mémoire d’un gendarme landais mort pour la France il y a cinquante ans, en rappelant devant vous ce que fut son histoire, son parcours militaire exemplaire, est un honneur et un moment émouvant. Gérard HERBÈS vient au monde à Dax le 26 septembre 1933. Son père cultivateur, sa mère dactylographe étaient alors domiciliés à Capbreton. Le 22 janvier 1951, il souscrit un contrat d'engagement pour une durée de cinq ans et il entame sa formation militaire au Centre de formation de la Marine à Hourtin. Le 1 er avril 1951, il est dirigé sur le Centre Siroco, près Alger, où règnent l’exigence et la dureté héritées des méthodes de formation des commandos de la France libre, ceux qui débarquèrent en Normandie le 6 juin 1944. Il suit la formation de fusilier-marin, obtient le brevet élémentaire de fusilier, puis le certificat de commando le 1er décembre 1951. Il est alors âgé de 18 ans. Ce succès lui permet d’intégrer les Commandos Marine et de coiffer le prestigieux béret vert. Aussitôt affecté au Commando Trépel, il embarque sur le porte-avions La Fayette. Le 11 juillet 1952, il est muté au commando de Montfort et combat en Indochine qu’il parcourt jusqu'au 12 novembre 1954, date de son retour en France avec le grade de quartier maître de seconde classe obtenu le 1er janvier 1954. Affecté au dépôt de Toulon pendant quatre mois, Il sert ensuite à partir de mars 1955 dans le Corps amphibie de la Marine qui réunit tous les commandos Marine de Métropole ; le 6 janvier 1956 il se rengage pour un an mais, le 2 juillet 1956, il quitte la Marine et déclare se retirer à Rion des Landes. C’est dans cette commune que le 9 juillet 1955, il avait épousé Renée DAGÈS. Mais Gérard HERBÈS ne choisit pas pour autant la vie civile, puisque ce même 2 juillet 1956, il est en effet admis dans la Gendarmerie. Nommé élève-gendarme, il effectue son stage de formation au Maroc au Centre d’instruction de la 12ème Légion de Gendarmerie mobile de Fès.Titularisé le 2 octobre 1956, il prête serment le 22 décembre 1956 et est admis dans le corps des sous-officiers de carrière à la même date. Le 16 janvier 1964 est publié au Journal officiel un décret du 7 janvier 1964 portant concession de la Médaille militaire. Gérard HERBÈS est porté sur la liste des décorés avec la mention “pour prendre rang du 30 juin 1963”. Il est alors âgé de 30 ans.Le 16 mai 1964, il est muté en Gendarmerie de l’Air où il reçoit son affectation à la brigade de la Base aérienne 120 de Cazaux. Puis, du 06 janvier 1968 au 23 décembre 1969, il sert dans une brigade de Gendarmerie de l’Air Outre-mer, au Tchad, sur la base aérienne 172 de Fort Lamy. Le 24 mars 1970 il rejoint sa nouvelle affectation, la brigade de la base aérienne 125 à Istres où il ne sert que six mois, puisqu’il revient le 16 septembre 1970 en Gironde à la brigade de Cazaux. Et, le 29 juin 1974, il est à nouveau affecté aux Eléments de la Gendarmerie de l’Air Outre-mer et retourne au Tchad à la brigade de Fort Lamy devenu N’Djamena. C’est là que le 3 septembre 1974, survient son décès en service commandé. Il totalisait alors 23 ans, 7 mois et 10 jours de service. Il allait avoir 41 ans. L’histoire de Gérard HERBÈS, c’est l’histoire d’une vie déjà bien remplie qui prend fin beaucoup trop tôt ; c’est l’histoire d’un engagement au service du pays, c’est l’histoire d’un beau soldat qui choisira au bout de quelques années de service de devenir gendarme. Combattant des 3ème et 4ème générations du feu, soldat de la Loi, titulaire de la qualification officier de police judiciaire, ayant reçu deux lettres de félicitations et, au cours de son service à Istres, un témoignage de satisfaction à l’ordre de la brigade aérienne, il était par ailleurs titulaire de nombreuses décorations. Celles consécutives aux lieux et à la durée des séjours : Médaille coloniale avec agrafe Extrême Orient, Médaille de reconnaissance de la Nation, Médaille commémorative de la campagne d'Indochine, Médaille commémorative Afrique du Nord avec agrafe Algérie. Et surtout celles liées aux mérites, à la manière de servir et aux actions d’éclat : la Médaille militaire, la Croix de guerre des TOE avec une étoile d'argent et une étoile de bronze et la Croix de la Valeur Militaire avec étoile d'argent.L’histoire de Gérard HERBÈS c’est aussi celle d’une vie offerte à la France qui le reconnaîtra par une décision de l’Office national des Combattants et des victimes de guerre lui accordant l’attribution de la mention « Mort pour la France » en faisant également graver son nom sur le monument aux Morts pour la France en opérations extérieures inauguré à Paris le 11 novembre 2019. Son nom qui conformément à la loi, a également été inscrit sur le monument aux morts de Dax, sa commune de naissance, grâce à la persévérance du colonel Christian Tastet aujourd’hui disparu. Enfin cette histoire, il ne faut pas l’oublier, c’est aussi celle d’une épouse, d’enfants, d’une famille, de frères d’armes, qui comme des centaines d’autres, ont dû vivre avec la disparition d’un être cher, d’un camarade. C’est à nous de veiller à préserver de l’oubli la disparition du gendarme HERBÈS et de tous ceux qui comme lui sont Morts pour la France. André Malraux avait dit : « la plus belle sépulture, c'est la mémoire des hommes ».Le colonel Héluin, l’héroïque lieutenant blessé à Sarajevo lors de l’assaut du pont de Vrbanja a plus récemment rappelé que “l’on ne meurt vraiment que lorsque plus personne ne prononce votre nom". Gendarme Gérard HERBÈS : aujourd’hui nous parlons de vous ; aujourd’hui, de jeunes frères d’armes de la Gendarmerie de l’Air et de l’Espace vous rendent les honneurs militaires.Demain, après-demain, et plus tard encore, nous parlerons de vous. Dormez en paix.
Décorations : - Médaille militaire
Récompenses : - Félicitations écrites Chef de Corps le 09/09/1961
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